Un samedi avec la fée utopia

Un samedi avec la fée utopia
Véronique Hubert au Musée Château d’Annecy pour la Nuit des musées

Peut-être êtes-vous venus au Musée château lors de la nuit des musées, peut-être avez-vous croisé la fée utopia, peut-être vous-êtes vous interrogé.
Peut-être que ce samedi vous faisiez autre chose mais que vous aimez les fées
Peut-être que vous n’aimez pas les fées mais les artistes OUI.

On avait rendez-vous avec Véronique Hubert au château pour repérer les lieux et faire les prises de vues de sa prochaine vidéo sans le public. Souriante, à l’écoute, elle nous entraine à la découverte des salles du château. Ici le parquet glisse, là cet artiste négocie férocement les droits de reproduction de son œuvre, tient des sirènes lacustres. Quelques prises en extérieur, il fera beau ce soir. L’heure tourne, la tension s’installe, la voix est claire, les paroles de Joséphine Baker rebondissent sur les vierges de bois. Entracte, on respire, on boit un verre, on s’ébahit devant les vitrines où s’alignent des chats lovés dans des paniers, des blouses fleuries, des mannequins d’un autre âge, on s’étonne que le rayon enfant soit au sous-sol, on s’interroge sur la clientèle, plus loin des phrases incongrues au hasard des trottoirs attire son attention, elle photographie, prend des notes dans son petit carnet noir. Encore un enterrement de vie de jeunes filles, il y en a beaucoup par ici.
Des salomés roses, une jupe comme un mille feuilles en tulle vieux rose, un voile bleu, le tout dans un cube évidé blanc, la fée utopia est parée pour son tour en public. Elle déambule entre les coffres savoyards du XIXe siècle, les poteries à pois et les diables fourchus, elle s’arrête, contemple des femmes pastels se baignant dans le lac d’Annecy, repart, entame un charleston, tournoie puis repart, tape des pieds, prend la pose. On la retrouve perchée sur un mur, les visiteurs s’arrêtent, s’étonnent, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce qu’elle fait. Et cette œuvre là, non mais vraiment. La fée se cogne au réel.
Deux heures plus tard la fée a dégrafé ses ailes, retiré ses talons hauts, Véronique Hubert enfile ses baskets. Les salles ont été désertées, les visiteurs regardent un film dans la cour du château, dehors quelques malheureux attendent que les chiffres s’inversent, le cube est désossé.
Les visiteurs ont été surpris, intrigué, des petites filles l’ont cherché, d’autres l’ont suivi, quelques uns ont ricané après tout ce qui compte c’est de crée des émotions. Véronique semble contente, elle aurait pu être à Cannes (commande d’une performance « Utopia fait son Cinéma » pour les 20 ans de LACID production) mais les fées préfèrent les châteaux.
Véronique imagine des personnages qui racontent des histoires, transcendent ses obsessions, sont absurdes, agaçants, drôles et dramatiques. Véronique s’intéresse à tout car il faut essayer plein de choses pour s’apercevoir qu’on n’est pas obligé de rester dans une voie. Véronique aime la fondue, le whisky et depuis peu une cochonne d’inde alors forcément on ne peut que l’aimer.